Prise
en charge des bénéficiaires de l’ADAR de
Lille par la CRAM Nord-Picardie :
Une
discrimination flagrante envers les petites structures d’aide
à domicile.
La
liquidation judiciaire de l’ADAR de Lille, l’un
des plus gros employeurs locaux d’aide à domicile
a également eu pour conséquence de laisser ses
bénéficiaires, souvent des personnes âgée
ou dépendantes, sans solution pérennes. Parmi
celles-ci, il s’en trouve un nombre important qui bénéficie
d’une prise en charge de leurs prestations à domicile
par la CRAM Nord-Picardie. Cette prise en charge qui intervient
en fonction des besoins de la personne aidée n’est
pas nouvelle. La CRAM missionne pour ce faire une structure
prestataire ou mandataire qu’elle a préalablement
accrédité ou conventionné. Cette sélection
préalable se fait néanmoins en fonction d’une
procédure interne plus ou moins transparente qui laisse
en pratique toute latitude à la Caisse régionale
pour apprécier avec qui elle veut travailler. Au moins
toutes les structures accréditées ou conventionnées
ont-elles ensuite vocation théorique à intervenir.
Mais
alors que le liquidateur judiciaire s'est appuyé sur
l'ensemble des acteurs de la profession pour que soit reprise
l'activité de l’ADAR de Lille, la CRAM n’a
retenu que deux organismes pour assurer la continuité
des prestations aidées au profit des anciens bénéficiaires
de cette structure défunte : la Maison de l'aide à
domicile de Lille et l’ADAR de Roubaix. En conséquence,
les assurés-bénéficiaires concernés
ne peuvent pas être pris en charge par la CRAM en dehors
du recours à l’une de ces deux enseignes.
Au
plan strict de l’égalité de traitement on
peut déjà s’étonner de cette discrimination
à l’égard de toutes les autres structures,
déjà conventionnées ou non : il y a là
une atteinte flagrante à la libre concurrence et à
l’égalité de tous devant le service public
dont est chargé la CRAM, sanctionnable par les tribunaux.
En outre, l’importance numérique et sociale du
problème exigeait sans doute que l’on ouvre cette
possibilité avec réalisme à toutes les
structures intervenant sur Lille en capacité d’absorber
une nouvelle clientèle, en particulier aux associations
qui ont l’éthique nécessaire et l’habitude
de ce genre de public. A défaut, les files d'attente
risquent de s'allonger pour les bénéficiaires.
Enfin, plus encore, il est étonnant que le choix se soit
porté sur deux gros organismes ayant un mode de fonctionnement
et les problèmes subséquents identiques à
l’ADAR de Lille qui a connu l’issue que nous connaissons,
principalement pour ces raisons, ainsi qu’à cause
du coût de la gestion mandataire qu’offrent, par
ailleurs, également ces deux structures.
Le
fait néanmoins que les structures retenues par la CRAM
soient les deux plus importantes de la région semble
confirmer que la caisse régionale, présidée
es qualité par un membre éminent du MEDEF, relaye
sans état d’âme la démarche ultra
libérale du gouvernement actuel actée par la loi
Borloo de 2005 qui, par le biais de l’Agence Nationale
des Services à la Personne (ANSP), développe ouvertement
une politique visant à regrouper la profession dans quelques
grandes enseignes nationales, sous prétexte de la soumettre
à la logique de marché. Observons à ce
propos que les deux structures concernées sont aussi
respectivement les piliers locaux des deux principales fédérations
nationales du secteur : l’UNA et ADESSA. Chaque tête
de réseau est ainsi satisfaite. Et les autres ?
Aussi illégitime que soit le choix de la CRAM il a donc
aussi sa logique implacable.